INTAKT RECORDS – CD-REVIEWS

ULRICH GUMPERT QUARTETT
A NEW ON
E
Intakt CD 257 / 2015

 

 

Man könnte Ulrich Gumpert und Jürg Wickihalder über Steve Lacy miteinander verbandeln. Oder über das selbstbewusste Miteinander des Saxophonisten aus Glaraus mit einer dominanten Pianistin wie Irene Schweizer und über Gumperts Spaß an jungen Bläsern wie Ben Abarbanel-Wolff und Silke Eberhard. Letztlich setzt das neue ULRICH GUMPERT QUARTETT und dessen Debut A New One (Intakt CD 257) einfach nur voraus, dass man miteinander ein Faible teilt für den Esprit von Satie, den Swing des Postbop, die Lakonie von hier 'n Tango für Gitti, da ne Violine für Valentin, dort 'n Blues für Markowitz, immer offne Arme für's donnernde Leben und ein Ach was!? für dessen Widrigkeiten. Michael Griener an den Drums und Jan Roder am Bass sind seit Jahren auf diese Gumpertistik eingeschworen. Den hymnischen Swing von 'The Opener' stimmt Wickihalder mit an, als hätte er den leichten A Love Supreme-Beigeschmack noch von der Muttermilch her auf der Zunge, Grieners 'Süssholz' lullt er als Wiegenlied. Die Eckpunkte und Wellenlinien des unter Gumperts Fingern rasant beschleunigten, aber von einem Basssolo ausgebremsten Titelstücks zeichnet er dann selber vor. Der wortlose Gesang des getragenen 'Recitativo Secco' erinnert an Eisler, das nur anfangs zaudernde 'The Bop & the Hard Be' ein wenig an Monk. '100 Maassgelinzerte' hat sich 1977 Gumperts alter Weggefährte E.-L. Petrowsky einfallen lassen. 'Iffie' erinnert salopp an die Iphigenie-Adaption des Thüringer Dramatikers Jochen Berg (1948-2009), für den Gumpert Bühnenmusik gemacht hat, auch die zu 'Die Engel - Vier Kurzopern' (von 1988), die er 2014 beim Jazzfest Berlin wiederaufführte. Es endet im Stil der 1920er an der Bar. Und das ganz ohne biografische Verbiegungen, Gumpert wollte immer nur "frei wie verrückt" sein dürfen, alles andere sind Peanuts.
Rigobert Dittmann, Bad Alchemie, BA 87, 2015

 

Ulrich Steinmetzger, Leipziger Volkszeitung, 16.10.2015, Deutschland

 

Pirmin Bossart, Jazz'n'more, November 2015

 

Wolf Kampmann, Jazzthetik, Nov-Dez 2015

 

 

Reiner Kobe, Jazzpodium, Dezember 2016

 

 

A 70 ans, le pianiste Ulrich Gumpert n'a pas fini de s'amuser. C'est le message que nous envoie a new one, son second album avec un quartett quelque peu remanié. Un nouvel ensemble, un nouveau disque, un nouveau partenaire en la personne du saxophoniste Jürg Wickihalder… Tout dans cet album sorti chez Intakt Records a l'odeur de neuf ; un neuf certes patiné par son obsession pour Satie, ou par ses aventures en compagnie de ses compères du Zentralquartett, Günter « Baby » Sommer en tête. Une expérience qui n'hésite jamais à se régénérer auprès de la jeune génération : on se souvient de son passionnant duo avec Silke Eberhard. Avec sa base rythmique gourmande, composée du batteur Michael Griener (qu'on a vu avec Rudi Mahall) et du bassiste Jan Roder (habitué comme les autres compagnons du pianiste de l'univers d'Aki Takase), il n'hésite jamais à densifier un jeu percussif caractéristique.
Ainsi, « A New One », opportunément écrit par Wickihalder est un amalgame complexe dans lequel des martèlements sporadiques viennent emporter les ostinatos du soufflant. On pense à Lacy ; on a raison : Gumpert a longtemps collaboré avec lui et c'est clairement un modèle pour le saxophoniste et le batteur, qui participe à un trio en mémoire du célèbre soprano (Lacypool, avec Kristof Thewes au trombone). On en trouve de nombreux sédiments dans la mélodie faussement lunaire de « Recitativo Secco », où Wickihalder et Roder jouent à l'unisson, avant d'être rejoints par un piano qui a fait de l'économie de geste et du silence évocateur un style à part entière. Les musiciens qui l'entourent sont rompus à l'exercice : nous avions noté à quel point le récent duo du saxophoniste avec Irène Schweizer évoquait celui de Gumpert avec Eberhard.
Mais il serait bien injuste de résumer ce disque à cette direction. Quand l'hôte s'amuse, et cela fait maintenant plusieurs décennies qu'il mâtine sa jovialité d'une grande élégance, il sait aller visiter à peu près toutes les couleurs du jazz avec une certaine malice. Ainsi, « The Opener » se révèle très coltranien quand « Iffie's Saloon » est une petite sucrerie finale, légère comme une bulle de savon. Entre deux, ce quartett aura rendu hommage à l'ami du Zentralquartett Ernst-Ludwig Petrowski (« 100 Maasgelinzerte ») et offert une passe d'armes collective (« The Bop and The Hard Be ») qui, à elle seule, mérite qu'on s'intéresse à cette jolie rencontre.
Franpi Barriaux, Citicen Jazz, France, 20 décembre 2015

 

 

 

Les disques qui vous ont (peut-être) échappé durant l'année passée

Nous continuons à écrémer les étagères où se sont réfugiés, durant l'année 2015, nombre de disques fort intéressants, lesquels ont dû patienter avant de faire l'objet de ce simple article d'information qui, je le rappelle, n'est en aucun cas une revue critique.
Nous commencerons par l'un des plus beaux labels indépendants européens, Intakt, maison suisse fondée il y a 30 ans par Patrik Landolt et qui, pour l'occasion, a édité un catalogue comprenant la reproduction en couleurs des 253 CD édités durant cette période. Lorsque l'on feuillette ce catalogue, on est frappé par la cohérence de la collection, les choix effectués, les risques assumés, et le suivi de nombreux artistes qui, en toute confiance du producteur, apparaissent régulièrement, certains depuis les tout débuts : Irène Schweitzer, Barry Guy, Günter Sommer, Pierre Favre, Elliott Sharp, Sylvie Courvoisier, Lucas Niggli, Alexander von Schlippenbach… puis Aki Takase, Fred Frith, Ingrid Laubrock, Ulrich Gumpert… les Américains Anthony Braxton, le Trio 3, Tom Rainey, Marylin Crispell… et tous ceux dont vous avez pris connaissance si vous avez eu la gentillesse de suivre mes chroniques.

Le guitariste Fred Frith apparaît dans deux duos improvisés très différents, l'un avec Barry Guy, « Backscatter Bright Blue » (Intakt 236), l'autre avec la Danoise Lotte Anker, qui explore toutes les possibilités de ses saxophones, « Edge of the Light » (Intakt 237). Il rejoint ensuite la pianiste Katharina Weber et le batteur Fredy Studer dans une séance d'improvisation libre, tendue, tantôt nerveuse, parfois bruitiste (dans le sens "musique contemporaine"), et, sommes toutes, peu lyrique, malgré l'intense "swing libre" du grand Fredy Studer : «  It Rolls » (Intakt 248).

La pianiste Aki Takase dialogue, quant à elle, avec le violoniste Ayumi Paul, qui travaille habituellement dans le champ classique et contemporain. L'atmosphère de leur disque se situe dans un esprit très "milieu du XXe siècle". Ainsi sont évoqués Satie ou Stravinsky, mais Bach et Mozart ne sont pas oubliés non plus. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, il s'agit de création musicale, et de la plus belle manière qui soit : « Hotel Zauberberg » (Intakt 244)
(OUI, on aime !).

Le Schlippenbach Trio est un groupe de briscards de la free music, le pianiste et ses compères Evan Parker (ténor sax) et Paul Lovens (batterie) jouent ensemble depuis 45 ans ! Mais les uns comme les autres ont évolué et pris du recul ; ce n'est plus le free dévastateur des années 70, et leurs quinze pièces directement improvisées sont à la fois très différentes et parfaitement cohérentes. On appréciera particulièrement le jeu lyrique et "coltranien" de Parker. Trois géants : « Features » (Intakt 250).
Ulrich Gumpert, lui aussi un vétéran, fut l'un des grands pionniers de la nouvelle musique est-allemande à l'époque où il n'était pas facile de franchir le mur ! Il est entouré ici de trois musiciens plus jeunes avec qui il joue régulièrement, notamment le saxophoniste Jürg Wickihalder, dont nous avons déjà parlé, toujours proche de Steve Lacy. Un excellent et réjouissant disque de jazz : « A New One » (Intakt 257).
Le Omri Ziegele Billiger Bauer Nonet comprenant deux saxophones (Omri Ziegele et Jürg Wickihalder), la pianiste Gabriela Friedl, un trombone, une guitare, une basse électrique, une contrebasse et deux batteries qui accompagnent les vocaux de Isa Wiss, me laisse par contre un peu sur ma faim. Malgré la qualité du travail, ces « 15 Herslider » mêlent texte et musique de façon un peu alambiquée (Intakt 247). Je n'accroche pas non plus à l'univers de la chanteuse Sarah Buechi, et à sa voix éthérée, certes parfois persuasive, mais aux tonalités très égales dans un genre que j'appellerai "jazz folk libre et souple", même si je dois reconnaître l'intérêt des textes et la qualité du travail musical : « Shadow Garden » (Intakt 259).
Autre saxophoniste suisse déjà connu dans ces colonnes, Christoph Irniger, accompagné par Raffaele Bossard (basse) et Ziv Ravitz (drums), joue une musique très fine qui manque peut-être d'accents et de contrastes mais n'exclut pas une certaine densité. Cela vient en partie du jeu maîtrisé, plutôt linéaire et sans aspérités du saxophoniste qui possède un grand sens de la mélodie. « Octopus » (Intakt 253) est un toutefois un beau disque.

Et l'on retrouve la pianiste Irène Schweizer, artiste N°1 du catalogue – sur les huit premiers disques, sept lui sont consacrés, dont le 001 – qui affronte en duo le grand percussionniste Han Bennink, genre de confrontations auxquels ils se sont rendus maîtres. Changements de rythmes, incessantes relances, drumming foisonnant… parcourent ces dix improvisations et quatre reprises. Quelle fraîcheur ! Quand on pense à tous ces "jeunes" musiciens et chanteurs qui jouent avec application la musique de leurs grands-pères. Rien ne vaut les grands-parents originaux, « Welcome Back » en est une preuve irréfutable (Intakt 254)
(OUI,on aime !).

Aly Keïta (balafon, kalimba) est Ivoirien, Lucas Niggli (percussions) et Jan Galega Brönnimann (clarinettes et saxo soprano) sont tous deux nés au Cameroun et amis d'enfance. La réunion des trois aboutit à un vrai travail d'écoute, de compréhension et d'improvisation – rien à voir avec une pseudo world music superficielle et opportuniste. Une musique entraînante, agréable – pourquoi pas ? – et vraiment originale : « Kalo-Yele » (Intakt 261).

Déjà auteur de deux disques en trio (avec Niggli et Michel Godard), l'accordéoniste italien Luciano Biondini se présente cette fois en solo et réinterprète – il compose également – une série de belles mélodies populaires italiennes, en jouant sur la tradition folklorique méditerranéenne et l'improvisation jazz ; toute la nostalgie poétique que véhicule cet instrument quand il est si bien joué se retrouve dans « Senza fine » (Intakt 255) (OUI, on aime !)
(OUI, on aime !)

Un volet important de la production Intakt est réservé aux musiciens américains, de générations et de communautés différentes, parmi les plus intéressants au niveau de l'engagement, de la recherche musicale, de l'honnêteté artistique et de l'idée qu'ils se font de leur travail.
Familier du label avec le Trio 3, le saxophoniste Oliver Lake rencontre cette fois le contrebassiste William Parker, soit, d'un mot, le tranchant de l'alto face à la basse profonde, et d'un autre, la création qui s'appuie sur la grande tradition afro-américaine. Ils sollicitent ainsi Marvin Gaye et poursuivent avec une série de duos d'autant plus intenses – l'un porte le nom de notre regretté ami Jacques Bisceglia – qu'ils sont encore sous le choc de la disparition, survenue cinq jours avant la séance, de leur ami le trompettiste Roy Campbell. D'où le titre de leur album : « To Roy » (Intakt 243). C'est également un plaisir de rencontrer, pour la première fois sur Intakt, le grand saxophoniste ténor Chico Freeman pour un autre duo avec un contrebassiste, Heiri Känzig, musicien suisse né à New York – il joue dans le trio de Harry Sokal – dans une expression plus "coulante", moins free si l'on veut. On savoure ce double plaisir, en retrouvant le beau et solide son du ténor lyrique et de grande tradition, en particulier dans les ballades où il excelle : « The Arrival » (Intakt 251).
Poursuivons par une série de trios avec, tout d'abord, celui d'Aruan Ortiz, musicien d'origine cubaine résidant à Brooklyn. Ce pianiste de 42 ans a déjà une carrière riche et variée, à Cuba, en Espagne et aux États-Unis, tant dans la tradition afro-haïtienne que dans les formes ouvertes des musiques contemporaines. On remarquera notamment le travail harmonique et rythmique, avec une dynamique et une pulsation propres et des rythmes complexes avec lesquels le batteur Gerald Cleaver fait toujours merveille. Le bassiste Eric Revis étant également excellent, cela donne un disque particulièrement réussi et réjouissant, un vrai et rare bonheur : « Hidden Voices » (Intakt 258)
(OUI, on aime !).

Le niveau reste haut avec le trio Open Loose du contrebassiste Mark Helias, avec Tony Malaby (sax) et Tom Rainey (drums), un trio très ouvert qui existe depuis 1996, et demeure constamment en recherche. Une belle musique, bien écrite et impeccablement jouée : « The Signal Maker » (Intakt 245).
Dans un esprit assez voisin, Tom Rainey prend les commandes en s'entourant de la saxophoniste Ingrid Laubrock et de la guitariste Mary Halvorson, deux musiciennes dont nous avons souvent vanté la qualité et l'originalité. Au jeu très maîtrisé, parfois un peu "plaintif" et au discours sinueux de la première, s'ajoute celui, extrêmement intéressant, en particulier dans la manière de jouer avec des accords inusuels de la seconde. Les improvisations collectives qui, dans un cadre très ouvert, progressent en intensité pour déboucher sur un post free recherché, sont le résultat d'un travail de groupe qui évolue depuis plusieurs années. Une musique forte qui s'écoute : « Hotel Grief » (Intakt 256). Les mêmes, plus Kris Davis (piano), John Hébert (basse) et, à deux reprises, Oscar Noriega (clarinette) forment le Ingrid Laubrock Anti-House dont nous avons déjà parlé. Une vraie famille musicale qui se concentre sur les compositions, très modernes et ouvertes aux passages libres, de la saxophoniste : « Roulette of The Cradle » (Intakt 252).
Et une troisième pour Mary Halvorson, en duo "intimiste" avec le contrebassiste Stephan Crump. Les compositions de l'un ou de l'autre, très contemporaines, se remarquent par leurs qualités mélodiques. Grâce à son utilisation très fine et mesurée de l'amplification, la guitare, sous les doigts de Mary Halvorson, est parmi ce qui se fait de mieux sur l'instrument à l'heure actuelle (avec Joe Morris) : « Secret Keeper » (Intakt 249)
(OUI, on aime !).

Enfin, nous sommes toujours heureux de retrouver ce beau duo de vingt ans, Marilyn Crispell (piano) et Gerry Hemingway (batterie, percussion, vibraphone), qui ne s'attache qu'à l'essentiel : une musique totale, remarquable et passionnante : «  Table of Changes » (Intakt 246). …
Jean Buzelin , Culturjazz, France, 31 janvier 2016  

Les disques qui vous ont (peut-être) échappé durant l'année passée
de Jean Buzelin , Culturjazz, France, 31 janvier 2016  

Nous continuons à écrémer les étagères où se sont réfugiés, durant l'année 2015, nombre de disques fort intéressants, lesquels ont dû patienter avant de faire l'objet de ce simple article d'information qui, je le rappelle, n'est en aucun cas une revue critique.
Nous commencerons par l'un des plus beaux labels indépendants européens, Intakt, maison suisse fondée il y a 30 ans par Patrik Landolt et qui, pour l'occasion, a édité un catalogue comprenant la reproduction en couleurs des 253 CD édités durant cette période. Lorsque l'on feuillette ce catalogue, on est frappé par la cohérence de la collection, les choix effectués, les risques assumés, et le suivi de nombreux artistes qui, en toute confiance du producteur, apparaissent régulièrement, certains depuis les tout débuts : Irène Schweitzer, Barry Guy, Günter Sommer, Pierre Favre, Elliott Sharp, Sylvie Courvoisier, Lucas Niggli, Alexander von Schlippenbach… puis Aki Takase, Fred Frith, Ingrid Laubrock, Ulrich Gumpert… les Américains Anthony Braxton, le Trio 3, Tom Rainey, Marylin Crispell… et tous ceux dont vous avez pris connaissance si vous avez eu la gentillesse de suivre mes chroniques.

Le guitariste Fred Frith apparaît dans deux duos improvisés très différents, l'un avec Barry Guy, « Backscatter Bright Blue » (Intakt 236), l'autre avec la Danoise Lotte Anker, qui explore toutes les possibilités de ses saxophones, « Edge of the Light » (Intakt 237). Il rejoint ensuite la pianiste Katharina Weber et le batteur Fredy Studer dans une séance d'improvisation libre, tendue, tantôt nerveuse, parfois bruitiste (dans le sens "musique contemporaine"), et, sommes toutes, peu lyrique, malgré l'intense "swing libre" du grand Fredy Studer : «  It Rolls » (Intakt 248).

La pianiste Aki Takase dialogue, quant à elle, avec le violoniste Ayumi Paul, qui travaille habituellement dans le champ classique et contemporain. L'atmosphère de leur disque se situe dans un esprit très "milieu du XXe siècle". Ainsi sont évoqués Satie ou Stravinsky, mais Bach et Mozart ne sont pas oubliés non plus. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, il s'agit de création musicale, et de la plus belle manière qui soit : « Hotel Zauberberg » (Intakt 244)
(OUI, on aime !).

Le Schlippenbach Trio est un groupe de briscards de la free music, le pianiste et ses compères Evan Parker (ténor sax) et Paul Lovens (batterie) jouent ensemble depuis 45 ans ! Mais les uns comme les autres ont évolué et pris du recul ; ce n'est plus le free dévastateur des années 70, et leurs quinze pièces directement improvisées sont à la fois très différentes et parfaitement cohérentes. On appréciera particulièrement le jeu lyrique et "coltranien" de Parker. Trois géants : « Features » (Intakt 250).
Ulrich Gumpert, lui aussi un vétéran, fut l'un des grands pionniers de la nouvelle musique est-allemande à l'époque où il n'était pas facile de franchir le mur ! Il est entouré ici de trois musiciens plus jeunes avec qui il joue régulièrement, notamment le saxophoniste Jürg Wickihalder, dont nous avons déjà parlé, toujours proche de Steve Lacy. Un excellent et réjouissant disque de jazz : « A New One » (Intakt 257).
Le Omri Ziegele Billiger Bauer Nonet comprenant deux saxophones (Omri Ziegele et Jürg Wickihalder), la pianiste Gabriela Friedl, un trombone, une guitare, une basse électrique, une contrebasse et deux batteries qui accompagnent les vocaux de Isa Wiss, me laisse par contre un peu sur ma faim. Malgré la qualité du travail, ces « 15 Herslider » mêlent texte et musique de façon un peu alambiquée (Intakt 247). Je n'accroche pas non plus à l'univers de la chanteuse Sarah Buechi, et à sa voix éthérée, certes parfois persuasive, mais aux tonalités très égales dans un genre que j'appellerai "jazz folk libre et souple", même si je dois reconnaître l'intérêt des textes et la qualité du travail musical : « Shadow Garden » (Intakt 259).
Autre saxophoniste suisse déjà connu dans ces colonnes, Christoph Irniger, accompagné par Raffaele Bossard (basse) et Ziv Ravitz (drums), joue une musique très fine qui manque peut-être d'accents et de contrastes mais n'exclut pas une certaine densité. Cela vient en partie du jeu maîtrisé, plutôt linéaire et sans aspérités du saxophoniste qui possède un grand sens de la mélodie. « Octopus » (Intakt 253) est un toutefois un beau disque.

Et l'on retrouve la pianiste Irène Schweizer, artiste N°1 du catalogue – sur les huit premiers disques, sept lui sont consacrés, dont le 001 – qui affronte en duo le grand percussionniste Han Bennink, genre de confrontations auxquels ils se sont rendus maîtres. Changements de rythmes, incessantes relances, drumming foisonnant… parcourent ces dix improvisations et quatre reprises. Quelle fraîcheur ! Quand on pense à tous ces "jeunes" musiciens et chanteurs qui jouent avec application la musique de leurs grands-pères. Rien ne vaut les grands-parents originaux, « Welcome Back » en est une preuve irréfutable (Intakt 254)
(OUI,on aime !).

Aly Keïta (balafon, kalimba) est Ivoirien, Lucas Niggli (percussions) et Jan Galega Brönnimann (clarinettes et saxo soprano) sont tous deux nés au Cameroun et amis d'enfance. La réunion des trois aboutit à un vrai travail d'écoute, de compréhension et d'improvisation – rien à voir avec une pseudo world music superficielle et opportuniste. Une musique entraînante, agréable – pourquoi pas ? – et vraiment originale : « Kalo-Yele » (Intakt 261).

Déjà auteur de deux disques en trio (avec Niggli et Michel Godard), l'accordéoniste italien Luciano Biondini se présente cette fois en solo et réinterprète – il compose également – une série de belles mélodies populaires italiennes, en jouant sur la tradition folklorique méditerranéenne et l'improvisation jazz ; toute la nostalgie poétique que véhicule cet instrument quand il est si bien joué se retrouve dans « Senza fine » (Intakt 255) (OUI, on aime !)
(OUI, on aime !)

Un volet important de la production Intakt est réservé aux musiciens américains, de générations et de communautés différentes, parmi les plus intéressants au niveau de l'engagement, de la recherche musicale, de l'honnêteté artistique et de l'idée qu'ils se font de leur travail.
Familier du label avec le Trio 3, le saxophoniste Oliver Lake rencontre cette fois le contrebassiste William Parker, soit, d'un mot, le tranchant de l'alto face à la basse profonde, et d'un autre, la création qui s'appuie sur la grande tradition afro-américaine. Ils sollicitent ainsi Marvin Gaye et poursuivent avec une série de duos d'autant plus intenses – l'un porte le nom de notre regretté ami Jacques Bisceglia – qu'ils sont encore sous le choc de la disparition, survenue cinq jours avant la séance, de leur ami le trompettiste Roy Campbell. D'où le titre de leur album : « To Roy » (Intakt 243). C'est également un plaisir de rencontrer, pour la première fois sur Intakt, le grand saxophoniste ténor Chico Freeman pour un autre duo avec un contrebassiste, Heiri Känzig, musicien suisse né à New York – il joue dans le trio de Harry Sokal – dans une expression plus "coulante", moins free si l'on veut. On savoure ce double plaisir, en retrouvant le beau et solide son du ténor lyrique et de grande tradition, en particulier dans les ballades où il excelle : « The Arrival » (Intakt 251).
Poursuivons par une série de trios avec, tout d'abord, celui d'Aruan Ortiz, musicien d'origine cubaine résidant à Brooklyn. Ce pianiste de 42 ans a déjà une carrière riche et variée, à Cuba, en Espagne et aux États-Unis, tant dans la tradition afro-haïtienne que dans les formes ouvertes des musiques contemporaines. On remarquera notamment le travail harmonique et rythmique, avec une dynamique et une pulsation propres et des rythmes complexes avec lesquels le batteur Gerald Cleaver fait toujours merveille. Le bassiste Eric Revis étant également excellent, cela donne un disque particulièrement réussi et réjouissant, un vrai et rare bonheur : « Hidden Voices » (Intakt 258)
(OUI, on aime !).

Le niveau reste haut avec le trio Open Loose du contrebassiste Mark Helias, avec Tony Malaby (sax) et Tom Rainey (drums), un trio très ouvert qui existe depuis 1996, et demeure constamment en recherche. Une belle musique, bien écrite et impeccablement jouée : « The Signal Maker » (Intakt 245).
Dans un esprit assez voisin, Tom Rainey prend les commandes en s'entourant de la saxophoniste Ingrid Laubrock et de la guitariste Mary Halvorson, deux musiciennes dont nous avons souvent vanté la qualité et l'originalité. Au jeu très maîtrisé, parfois un peu "plaintif" et au discours sinueux de la première, s'ajoute celui, extrêmement intéressant, en particulier dans la manière de jouer avec des accords inusuels de la seconde. Les improvisations collectives qui, dans un cadre très ouvert, progressent en intensité pour déboucher sur un post free recherché, sont le résultat d'un travail de groupe qui évolue depuis plusieurs années. Une musique forte qui s'écoute : « Hotel Grief » (Intakt 256). Les mêmes, plus Kris Davis (piano), John Hébert (basse) et, à deux reprises, Oscar Noriega (clarinette) forment le Ingrid Laubrock Anti-House dont nous avons déjà parlé. Une vraie famille musicale qui se concentre sur les compositions, très modernes et ouvertes aux passages libres, de la saxophoniste : « Roulette of The Cradle » (Intakt 252).
Et une troisième pour Mary Halvorson, en duo "intimiste" avec le contrebassiste Stephan Crump. Les compositions de l'un ou de l'autre, très contemporaines, se remarquent par leurs qualités mélodiques. Grâce à son utilisation très fine et mesurée de l'amplification, la guitare, sous les doigts de Mary Halvorson, est parmi ce qui se fait de mieux sur l'instrument à l'heure actuelle (avec Joe Morris) : « Secret Keeper » (Intakt 249)
(OUI, on aime !).

Enfin, nous sommes toujours heureux de retrouver ce beau duo de vingt ans, Marilyn Crispell (piano) et Gerry Hemingway (batterie, percussion, vibraphone), qui ne s'attache qu'à l'essentiel : une musique totale, remarquable et passionnante : «  Table of Changes » (Intakt 246). …
Jean Buzelin , Culturjazz, France, 31 janvier 2016  


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For the past decade, Ulrich Gumpert has led quartets featuring Roder and Griener, with different saxophonists – currently Jürg Wickihalder.  On 'A New One', the leader contributes seven compositions out of eleven, with others by Wickihalder, Griener and Roder.  Gumpert is a student of jazz history whose collection of recordings covers all eras, and his compositions show a similar catholic taste, glossing over stylistic boundaries from New Orleans to free jazz.  His own piano style revolves very effectively round a hard/postbop axis, with reminiscences of Cecil Taylor and Andrew Hill.
He rightly says of this quartet, "It swings like hell and it's free like hell".  The rousing opening track, Gumpert's The Opener, is a varied, eventful piece whose catchy theme swings hard before dissolving into a free exploration.  The delightful The Bop & The Hard Be, also by Gumpert, is strongly reminiscent of a Monk-ish Blue Note era composition, while Gumpert's solo is particularly Monkish on Scrollin’.  Griener's Süssholz is a quirky, plangent piece with Wickihalder on soprano.  In a blindfold test, I'd have said it was Steve Lacy on soprano – he was Wickihalder's guru, and there's a remarkable similarity in sound and approach, especially on the Lacy-like theme 100 Maassgelinzerte by E. L. Petrowsky.  The saxophonist's thoughtful playing contributes to a very rewarding release.
Andy Hamilton, Jazz Journal, London, February 2016

 



Imagine Andrew Hill and Steve Lacy playing together. That's what pianist Ulrich Gumpert and his saxophonist Jürg Wickihalder frequently evoke in A New One when Gumpert pieces together piano solos out of shards of melody and Wickihalder tootles along on his soprano, as in the title piece. Actually, Gumpert is a highly eclectic pianist who from phrase to phrase sounds like a bunch of boppers, one after the other. Solos start inside with broken phrasing in dotted eighth-sixteenths, then move harmonically outside with, typically, less interesting, rhythmically even-note-value lines. He's mainly a concise, melodic soloist and I like his inventions in "Number Nine" and "The Bop and the Hard Be" best.  He wrote seven of the eleven songs here. "The Opener" is a bright tune but several of his others are just simple riffs.
Wickihalder is an eclectic inside-outside melodist also. His emotive tenor solo in the lost-love ballad "Iffie" is the opposite of Lacy-like, while his tenor solo in "The Opener" is especially distinctive, from long, strange tones to bop to stuttered, bitten-off ideas to a crazy high-note climax. Mostly he plays soprano, in more flowing lines than Gumpert. Jan Roder plays swinging bass and in rare solo moments suggests he's probably the freest player here. Michael Griener is the drummer, ever active with interplay plus he contributes a sweet, unjazzy song "Süssholz," something a young girl in a dirndl might sing on a Swiss mountainside. Roder and Griener give the group crucial energy – without them, A New One might sound dry, introverted.
John Litweiler, pointofdeparture, 2016

 

 



Stefan Wood, Freejazzblog, January 5, 2016



East Germany's most prominent jazz composer/pianist, Ulrich Gumpert, 70, shows that he has lost none of his Teutonic-Thelonious acuity in the quarter century since the destruction of the Berlin Wall. With band members several years his junior, including Germans, bassist Jan Roder and drummer Michael Griener, plus Swiss saxophonist Jürg Wickihalder, the quartet moves through 11 mostly Gumpert-composed tunes that could equally impress in a West Berlin club with aficionados familiar with the sounds of Monk and bop, as well as an East Berlin theatre audience more attuned to Socialist Realist anthems and folkloric marches.

One instance of this is Iffie, initially a balladic theme the pianist developed years ago for a performance with a poet, resolved with a snorting Wickihalder solo into 100 percent contemporary jazz. Recitativo Secco, is a plaintive Germanic recitation for full band that too is transformed into a jokey promenade with cymbal sizzles and reed smears. There's also the Griener-composed Süsholz, a simple rustic tune that balances Mozartian rococo with a charming alto saxophone lead. With Wickihalder playing tenor saxophone, Number Nine and the give-away titled The Bop & The Hard Be are more overtly Monkish, with the pianist replicating Monk's hesitant yet spiky chording on the second, as Roder walks and the saxophonist channels Johnny Griffin's bite and speed. Expanding and contracting time as it develops, Number Nine shuffles as much as it swings with Gumpert introducing ragtime and boogie-woogie motifs that lock in with Wickihalder reed outbursts that are as hard and thick as titanium.

Like a pseudo-military march the penultimate Scrollin' is driven by a tough drum solo, moderated by elegant string reverberations from Roder, ending in a formation that finds each musician hopscotching and circling around the others as he solos. Confirming that sardonic humour wasn't stifled in the German Democratic Republic (GDR), the CD ends with a 55-second reprise of Iffie called Iffie's Saloon, with appropriate barroom-like plinking from Gumpert and nasal soprano saxophone passages from Wickihalder. In spite of its misdeeds, the GDR allowed talents like Gumpert to flourish; luckily A New One gives us in the West a new way to experience it.
Ken Waxman, the Whole Note, 28 March 2016

 

 

 

Aldo del Noce, Jazzconvention, Italia, 3, Aprile 2016

 

 

 

Andare in profondità con gli strumenti della leggerezza e dello spiazzamento ironico. Queste le prerogative di Ulrich Gumpert, storico esponente della scena creativa europea, che negli anni Settanta fu cofondatore del quartetto Synopsis insieme a Konrad Bauer, Ernst-Ludwig Petrowsky e Gunter Baby Sommer, tra le cui realizzazioni c'è un album dal titolo che susciterebbe immensa invidia in ogni dadaista: Auf der Elbe schwimmt ein rosa Krokodil (nel fiume Elba nuota un coccodrillo rosa)…Andare in profondità con gli strumenti della leggerezza e dello spiazzamento ironico. Queste le prerogative di Ulrich Gumpert, storico esponente della scena creativa europea, che negli anni Settanta fu cofondatore del quartetto Synopsis insieme a Konrad Bauer, Ernst-Ludwig Petrowsky e Gunter Baby Sommer, tra le cui realizzazioni c'è un album dal titolo che susciterebbe immensa invidia in ogni dadaista: Auf der Elbe schwimmt ein rosa Krokodil (nel fiume Elba nuota un coccodrillo rosa).

Sulla scena europea, Gumpert si collocava in una via di mezzo tra Alexander von Schlippenbach e l'olandese Misha Mengelberg, tra le influenze di Cecil Taylor e Thelonious Monk. Ma il pianista di Jena si ritagliò una propria dimensione autonoma, nella quale era importante l'apporto della musica tradizionale e popolare germanica e la sua elaborazione in chiave sottilmente ironica, dissacrante e teatrale. Significativi sono in tal senso i frequenti duetti con Sommer. Molti ricordano Gumpert pure per la collaborazione in duo con Steve Lacy, da cui scaturì l'album Deadline. Un contesto dove spicca la preparazione accademica del pianista, che tra l'altro si è cimentato in modo eccellente con la musica di Satie.

Questo A New One si aggiunge alla documentazione che l'etichetta Intakt rivolge da tempo al lavoro di Gumpert, sia con il Zentral Quartett che nel duo con Sommer. Ma l'ultima realizzazione in quartetto per l'etichetta svizzera, con la stessa ritmica che compare qui e con un altro sassofonista, Ben Abarbanel-Wolff, risaliva al 2006. Nove anni dopo arriva questo CD che s'impone all'attenzione per la forza creativa e il lirismo di cui è pregno.

In primo luogo nel disco prende evidenza in modo perfetto una delle prerogative di Gumpert: la dissimulazione. Requisito che il pianista modella con qualità istrioniche, da consumato attore. Il brano che apre A New One ne è l'esempio lampante. Dopo un'introduzione di sapore coltraniano, dove però le note del pianoforte sdrammatizzano la tensione, sembra prendere forma un tema leggero, di stampo hard-bop. Ed ecco che, dal procedere sghembo del tema fino agli assoli, tutto imbocca direzioni inusuali, si affaccia sulla libertà completa, torna a ricomporsi.

In questo gioco di dissimulazione e spiazzamento, la sezione ritmica, formata da una coppia di consumati collaboratori di Gumpert, procede imperturbabile e ricca di elasticità, di respiro e varietà timbrica. Chi emerge con forza e originalità, accanto al leader, è il giovane sassofonista Jürg Wickihalder, che presenta una bella voce scura al tenore, mentre al soprano dichiara apertamente la sua ascendenza da Lacy. Il suo brano che dà il titolo all'album ne è un bell'esempio, insieme a "100 Maassgelinzerte," di Petrowsky.

Tra gli undici pezzi, sette sono di Gumpert, e mostrano una ricca varietà di ispirazione: dal severo, notturno "Recitativo Secco," dove è proprio il pianoforte a ritagliarsi un episodio delizioso, a "The Bop & The Hard Be," dove ancora la dissimulazione stilistica e la vicinanza al genio di Monk tracciano il percorso. Fino al sigillo conclusivo di "Iffie's Saloon": fulminante sberleffo di un attore consumato, che sembra fare il verso a Buster Keaton. Preziose le note di copertina di Bert Noglik.

Giuseppe Segala, All About Jazz Italia, 18. April 2016

 

 

 

Intakt: From Tom Rainey to Pierre Favre

In a rather disparaging comment about Switzerland, Orson Wells once said that the only thing that the country had contributed to world history was the wrist watch. Wells was not known for hyperbole but then he was not known to be as discerning about music as he should have been. Not as discerning as Intakt Records or Switzerland's elder imprint, hatHUT. Too bad he did not live to see these entities rise to eminence today. It is fair to say that Intakt is a boutique label; small in size and the number of releases, perhaps, but big on musical and production quality which is the next best thing to the quality of artistry within Intakt's portfolio.

Recent releases feature recordings by Tom Rainey with Ingrid Laubrock and Mary Halvorson, Ali Keïta with Jan Galega Brönnimann and Lucas Niggli, Sarah Buechi with Stefan Aeby, André Pousaz and Lionel Friedli, the Ulrich Gumpert Quartett featuring Gumpert, Jurg Wickihalder, Jan Roder and Michael Greiner, Florian Egli with Dave Gisler, Martina Berther and Rico Baumann and the great Pierre Favre together with Chris Jaeger, Markus Lauterburg and Valeria Zangger. This is a masterfully put-together roster with the very finest of European and American artists playing music that reaches inebriating heights. Drunk with this artistry it is not possible to come down to earth especially if you listen to one record after the other, as I did, which reminds me of the time I met Elvin Jones after a long session testing Zidjian cymbals. A head full of sound is putting it mildly. And yet, I cannot think of a better or easier way to choke myself with gold. Not now; not ever…

om Rainey Trio
with Ingrid Laubrock
and Mary Halvorson
Hotel Grief
Intakt CD 256/2015

This recording takes its cues from the chopped rhythms and angular melodies encountered in a realm where Thelonious Monk and Cecil Taylor meet. But whichever extremity to choose to look at it from the experience is equally rewarding. The delicate – admittedly nebulous – balance between keeping your steely distance while employing a touch that can move the erotic into fetishising the relationship between fingers that caress keys – in other words the hallmark of good piano playing is in evidence all over this recording. The shape-shifting pulse, at times nudging the rhythmic flow towards the asymmetrical, the playing mighty overt is delightfully clandestine. The best part of this approach is that it enables the musicians to launch into the pieces proper and pursue a deliberate rock-steady course that at first seems obsessively literal (those slightly precious staccato chords), yet the carefully built climaxes and increasing variety in character generate assiduous momentum. In this context the rapid scales of 'The Bop & The Hard Be' and hurling central minor-key section are surprisingly bracing and angular, forgoing the rippling poise that the players bring to this particular piece.
Superlative improvised music seems almost in abundance these days and it is sometimes hard to tell players apart. But this group is distinctive. For my ears the Ulrich Gumpert Quartett brings everything home in a way that is deeply personal, vivid and unique. No one who loves contemporary music or exquisite piano-playing for that matter will want to miss this one.
Raul da Gama, jazzdagama. Canada, May 2, 2016

 

Martin Schuster, Concerto, Dezember 2015 / Januar 2016, Österreich

 

 

 

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